A propos de...

35 ans, chef de groupe, marié on me décrit souvent comme froid et hautain de prime abord. Une fois qu'on me connaît les avis sont différents. Toutefois, on m'aime ou on ne m'aime pas mais c'est rarement l'indifférence qui prime.

samedi, mars 25, 2006

Quatrième perso : Le syndicaliste

Un personnage intéressant. On ne sait jamais trop bien par où commencer, il y a tellement et tellement peu à dire. Tout dépend de la perspective dans laquelle on se place. Finalement chez Décadence S.A., nous avons un pur cliché. Un air de gnome, un regard de lémurien avec l’intelligence qui y est associée. Cette chose est proche de la nullité absolue. Elle se croit investie d’un mission divine hélas bien peu portée sur le bien être et les intérêts du salarié.

Doté d’un niveau de bêtise proche du livre des records, elle se fait naturellement endormir par les personnes avec qui elle est amenée à négocier. Parfaitement consciente des limites du sujet, un bon DG bien épaulé par la DRH se montre très attentionné et armé d’un discours lénifiant manipule le singe savant. Grâce à ces petites manoeuvres et mesquineries, on amène le sujet à valider ce que l’on veut. Surtout pour éviter toute opposition sur les sujets les plus importants, il faut faire croire au benêt qu’il a du pouvoir et que c’est lui le maître du jeu. Une fois que l’idiot croit être en position de force, on fait de la résistance sur tout ce qui est accessoire sans jamais parler de l’essentiel. Après ces joutes verbales, on fini par céder sur l’accessoire et bien évidement rien sur le primordial.

Moralité : Votre responsable syndical, un air triomphateur revient faire son compte rendu heureux du travail accompli. Vous écoutez attentivement son discours victorieux sur les places de parking et la peinture de la cantine. Quand il arrive aux problèmes fondamentaux des heures supplémentaires et aux modes de récupération, là par contre c’est le néant. Il vous expliquera qu’on ne peut pas tout avoir et que les avancées sont notables. Quand un DG tient un crétin pour assurer des négociations majeures, il n’en est que plus content. Il pourrait même dire merci à tous les salariés de lui avoir facilité la vie à ce point. Il doit d’ailleurs bien se marrer après chaque round.

L’incroyable, c’est que tout le monde est parfaitement conscient de cet état des choses. Le seul problème : l’individualisme et les lois qui régissent les élections des représentants du personnels. D’abord, personne ne veut ce type de poste de peur des représailles, ensuite ne peuvent être élu que des personnes syndiquées. Avec la fin de la syndicalisation massive, le désintérêt des autres et la peur des représailles, nous en arrivons à des situations ubuesques. Il ne reste plus que quelques ignares syndiqués qui sont les seuls à pouvoir être élu. Donc, ils finissent toujours par être les représentants du personnel dans tous les pourparlers majeurs avec les résultats que l’on connaît.

Le tout se réalise sans que ces personnes n’aient ni représentativité, ni une quelconque légitimité aux yeux de ceux qu’ils sont censés représenter. Il sont là par défaut, ne font rien de bien, et sont par essence persuadés d’être des nouveaux croisés. La médiocrité et la crédulité au quotidien dominent les débats pour le plus grand repos des dirigeants. Espérons qu’un souffle nouveau se fasse jour pour apporter une véritable réforme à cet état des lieux.

Je n’aime pas les syndicalistes pour leur opposition systématique à tout et n’importe quoi. Je n’aime pas les syndicalistes pour leur politisation excessive. Je n’aime pas les syndicalistes pour leur partialité et leur défense d’intérêt particuliers aux dépends d’intérêts collectifs. Et pourtant j’aime le syndicalisme car c’est un concept qui doit apporter aux salariés de meilleures conditions de travail, de vie, de bien être etc.

Aujourd’hui, cette mission n’est plus remplie car les syndicats ont signé un pacte avec le diable. Ils ont mangé leur pain blanc et sont décrédibilisés. Nous voyons encore dans l’actualité les dernières convulsions de ce modèle obsolète. Espérons qu’un nouvel état d’esprit émerge de ce chaos pour restaurer une certaine fierté d’être au service des autres.

Dans l’attente, le fantoche que nous avons, il faudra bien le supporter. Remarque notre clown pourra certainement se recycler un de ces jours sur la piste aux étoiles. On peut être sûr qu’il déclanchera l’hilarité générale !

samedi, mars 18, 2006

Gloires et Déboires

Qu’il est difficile de s’approprier succès et échecs au sein de l’entreprise. Enfin, disons plutôt que la paternité des succès est souvent revendiquée. Elle est même bataillée, disputée dans une lutte à mort sans merci. Les poids lourds de l’affaire se chamaillent beaucoup pour en tirer le maximum de profit, pour valider leur triomphe, pour étaler leur toute puissance, leur leadership incontestable. Le but ultime être le numéro 1, abattre la concurrence, se mettre en avant dans la course à la promotion. En clair devenir le nouveau calife ! Dans un contexte de ce type tous les coups sont permis, pas de quartier ni de compassion. L’adversaire ne doit pas être à terre, il faut absolument le tuer car l’expérience montre que les retours de fortune sont nombreux. Il ne faut jamais laisser la moindre opportunité à l’autre car la bête blessée, tel le sanglier, peut vous donner une dernière ruade et vous éliminer de la course à la carotte (si près de la satrapie se serait trop bête !).

Donc tout ce petit monde, de petits caporales aux dents longues s’étripe joyeusement pour tirer toujours plus la couverture à soi. Par contre, dès que le spectre de l’échec pointe le bout de sont nez, les rats quittent immédiatement le navire. Dès qu’un projet est un fiasco, c’est le sauve qui peut générale, les femmes et les enfants on s’en fout pourvu qu’on puisse sauver sa peau. Et c’est bien la seule chose qui compte. Les dommages collatéraux sont un sacrifice nécessaire non ! Il vaut quand même mieux vendre son âme au diable plutôt que de la perdre. Et puis, charger un grouillot, sacrifier sa misérable carcasse ça n’est que la dure loi de la sélection naturelle.

L’instinct de survie bat son plein. Et toutes les justifications sont légions pour exposer un principe simple. Dans le cadre d’un fiasco retentissant, c’est vous qui êtes le responsable. Si le succès est au rendez vous, c’est votre chef qui est responsable. Vous n’allez quand même pas avoir le culot et la suffisance de croire que vous pouvez être l’initiateur d’une grande réussite. Si tel était le cas seriez vous un sous fifre ? Evidemment non ! Par contre, votre rang de sous être vous autorise à endosser toutes les âneries qui auront eu pour conséquence des résultats décevants. Comme s’est amusant d’aller à une réunion ou ces divers moments se succèdent :
- Un point positif et votre chef tel Artaban bombe le torse, son visage s’illumine il se retourne vers l’assemblée et assène à ses rivaux un sourire triomphale signifiant : Vous êtes mort ! D’ailleurs ce petit roquet que vous connaissez bien parait faire 1m90 (bizarre, il fait plutôt 1m70) et occuper un espace très inhabituel, c’est fou ce que quelques petits compliments peuvent faire
- Un point négatif et votre légende vivante passe au gris cendré. Le visage s’allonge, les épaules rentrées, il semble faire 1m50. Il ressemble à une sorte de vipère rabougrie et séchée. Mais vous sentez le regard glacial qui scrute l’horizon en quête d’une proie sacrificielle. La bête se fige, elle a sentie l’odeur du sang de sa victime : VOUS. Elle vous fixe, un rictus se fait jour sur son visage, les crocs sont acérés. Tout à coup l’attaque est lancée : Elle vous invite à vous expliquer sur le problème qui est mis en avant. A grands renforts d’explications elle déplore la mise en garde qu’elle avait exprimé sur le thème, elle s’inquiète de votre entêtement dans cette mauvaise direction. Elle loue enfin sont management qui est de conseiller sans jamais contraindre. Pour clore le débat, elle finit par vous pardonner ce petit égarement. Avec un sourire condescendant, elle sait bien maintenant que vous l écouterez plus, elle sait que vous serait un brave petit exécutant. C’est qu’elle vous aime malgré l’intelligence limitée qui vous sied. Condescendante jusqu’à l’écoeurement elle vous assène un sourire de pitié.

Le problème, ce sont les affabulations de votre seigneur. C’est vous qui avez alerté votre dieu des risques encourus, c’est vous qui l’avez mis en garde. Mais sont intelligence supérieure, dotée d’une grande souplesse et flexibilité, n’a pas jugé bon de tenir compte des avis de ce pauvre hère qui fait partie de son équipe. En effet à quoi bon profiter d’un management participatif quand on est détenteur de la science infuse.

Il paraît que l’on apprend plus de ses échecs que de ses succès. C’est sûrement ce qui limite dans l’ascension sociale. On sait trop de choses quand on est pas manager (vu le nombre faramineux d’échecs endossés) ; alors ça fait peur aux chefs vos connaissances. Car eux ils n’ont connu qu le succès donc ils ne savent rien. On ne peut tout de même pas mettre un loup dans la basse cour. La sentence est définitive : Ad vitam aeternam, vous serez un gueux.

Comme il est bon de se sentir aimé !!

samedi, mars 11, 2006

Le miroir aux alouettes

La rémunération n’est souvent qu’une partie des revenus tirés de ce dur labeur journalier. Il y a une autre série d’avantages qui peut être intéressante. Je nomme ici les PEE, participations aux bénéfices et autres. Face à des années moroses, ce petit complément peut vous mettre du baume au cœur. Ca fait toujours du bien quand les montants du bas de ligne croissent. On se sent mieux, on se sent riche, on exulte.

Toutefois ces petits bonheurs n’arrivent que si vous faites des bénéfices ou si vous avez suffisamment d’argent pour en placer et bénéficier de l’abondement de votre entreprise. Et oui, ça se mérite d’engranger de l’argent. Messieurs les pauvres abstenez vous, vous êtes des indésirables dans ce monde (Egalité quand tu nous tiens !)

Il faut aussi savoir que jamais une entreprise ne vous donnera de bonne grâce ce qu’elle peut soustraire à votre avidité (c’est vrai à la fin vous n’êtes que des rapaces !). Heureusement que certaines dispositions sont obligatoires sinon vous ne verriez pas la moindre couleur des résultats du fruit de votre travail. Souvent au minimum vous avez la participation aux bénéfices qui concerne tout un chacun. Les stocks options c’est pas pour vous, c’est pour les têtes pensantes (bonnes ou mauvaises d’ailleurs !) pour ceux qui sortent du lot, pour les infaillibles, les surhommes, les autres en résumé.

Pour faire court, eux deviennent plus riches et vous non. La seule différence vient à l’heure du départ, pour vous c’est la porte, pour eux ce sont les indemnités pour ruptures de contrat avec moult millions. C’est horrible la vie de patron ! Il faut dire que c’est bien normal de leur donner beaucoup d’argent. Ils ne sont pas habitués à vivre avec un petit salaire, il faut bien qu’ils maintiennent leur niveau de vie et puis ils n'ont pas droit au chômage eux. Ils travaillent sans filet. Vous n’imaginez pas comme eux ils ont une situation précaire par rapport à vous les employés. C’est dur d’être riche ! Et puis pour un patron être bon ou mauvais, c’est bien relatif tout ça. Il est patron c’est tout. Quand il fait faillite, deux options sont possibles :
- La conjoncture défavorable entraînant, malgré un plan massif d’investissement, une crise d’inadéquation entre l’offre et la demande etc. En clair, un plantage royal du à une stratégie à la con impulsée par un crétin qui est arrivé à ce poste on ne sait comment.
- Le prédécesseur avait inéluctablement propulsé la société dans une spirale baissière. Sans le cashflow nécessaire, le paiement des échéances associées à des difficultés de trésorerie et des provisions pour charges exceptionnelles ont contrait le groupe à déposer le bilan. En clair, le même connard (cf ci-dessus) savait qu’il prenait un bâton merdeux. Il s’en foutait car le salaire était mirobolant et le bateau avant de couler pouvait encore tenir un ou deux ans. Largement de quoi préparer sa sortie avant l’estocade finale.

Pour tout dire, fuyez mes amis ses positions, elles sont horriblement stressantes et difficiles à vivre. Et puis c’est bien connu, l’argent ne fait pas le bonheur. Alors à quoi bon ! Opter pour une vie de petit avec des petits moyens, une petite maison, des petits impôts, des petites soirées… Tout en petit sauf les emmerdement très très gros eux !

Mais revenons à la participation aux bénéfices, vous saliver d’impatience devant la missive qui annonce la bonne nouvelle. Ca y est, elle est tombée, elle est bloquée pour cinq ans mais vous pouvez déjà la caresser du regard, la convoiter avec gourmandise car elle est à vous enfin. Vous décachetez fébrilement l’enveloppe. Vous ouvrez sans ménagement le courrier porteur de tant d’espoirs. Et là, c’est le choc : 200 €. Vous étouffer, vous êtes au bord de l’agonie, vous avez été spolié, on vous a dérobé votre bel argent. Vous écumez de rage, cela ne va pas se passer comme ça ! Vous savez que c’est impossible, votre entreprise n’a pas fait des bénéfices records cette année !

Vous réclamez justice, vengeance. Puis les explications arrivent et le vertige vous emporte. Vous êtes pris de nausée. Et oui, malgré des bénéfices record, la société à du passer des charges exceptionnelles suite à la fermeture d’une usine de production qui doit être réhabilitée avant sa cession, le plan sociale qui a découlé de cette fermeture à entraîné des dépenses exceptionnelles qui ont fortement pénalisé le résultat de l’entreprise.

Moralité : Vous vous êtes bien fait…
Adieu les rêves de gloire, la vie de château. Adieu luxe, calme et volupté. 8H30, déjà en retard pour partir au boulot. Votre chef va encore vous faire des remontrances pour votre retard…

samedi, mars 04, 2006

Le jour de la fin

Ce qui est sympa dans une entreprise c’est le jour de votre départ. En particulier lorsqu’il est de votre initiative. Mais commençons par le cas inverse : Quand vous êtes virés ? (peu importe le contexte)

Dans ce cas précis, vous êtes rapidement un pestiféré (des fois que ce serait contagieux). On vous parle de moins en moins, vous êtes isolés. C’est comme si vous vous étiez sublimés en une fraction de seconde. Et pourtant vous êtes bien là mais vous n’existez plus. Le néant vous guette et vous souhaitez vivement que cela se termine. Enfin arrive le jour fatidique du départ. Si vous avez de longs états de service, faites confiance aux pleureuses en tous genres pour venir verser une petite larme et se lamenter sur les vicissitudes de ce bas monde. Faites aussi confiance à une bafouille de votre ancien chef pour venter tous vos mérites (tiens c’est bizarre, c’est pas lui qui m’exécrait et qui a tout fait pour me virer !). Et prenez un air surpris et reconnaissant quand on vous remettra votre cadeau d’adieu. Il aura emmerdé tout le monde car il faut mettre une contribution mais personne n’osera s’abstenir de donner de peur de passer pour un pingre ou une âme sans cœur. Quand le chemin de croix sera terminé vous serez libres et tous ceux qui restent pousseront un ouf de soulagement : Enfin, il est parti !

Dans le cas ou c’et vous qui mettez fin à toutes ces années de bonheur, le ton n’est plus le même. Vous attirer la convoitise des autres. Vous êtes jalousés pour avoir eu le courage de partir (en plus avec un salaire mirobolant !). Vous êtes une ordure, un pistonné et qui sait si vous n’avez pas couché pour y arriver. Votre patron vous déteste pour lui avoir fait ça à lui qui avait tant fait pour vous. Il faut dire que vous l’avez mis dans une position difficile car c’est lui le dieu vivant. Vous, vous n’êtes là que pour la fermer et exécuter ses oukases de petit tyran de foire. Le grand patron lui aussi vous déteste car vous allez contrarier ses moyennes de turnover, son climat social et surtout vous allez donner envie aux autres (crime de lèse majesté qui mériterait au minimum un autodafé !!). Quand le jour de la libération se présente, vous l’embrassez avec volupté ce que ne manqueront pas de vous reprochez vos ex-coreligionnaires, vous serez voués aux flammes de l’enfer. Finalement vous êtes le diable en personne. Donc pas de cadeau tout au mieux un bon coup de pied au cul et l’opprobre des dirigeants. Ils vous souhaiterons les pires tourments dans votre nouvelle vie. Mais vous, tout sourire, le triomphe au bord des lèvres vous ne pouvez que savourer leur lamentable étroitesse d’esprit.

En fin de compte, lorsque l’heure du départ à sonné, personne ne peut ni vous aimer ni vous soutenir (jalousie quand tu nous tiens !). Mais qu’importe, dans ces trop rares moments de jouissance rien ne peut vous atteindre. Vous avez décrochés la lune, vous vous êtes approchés du divin. C’est l’extase, l’euphorie, l’apothéose. Parfois les lendemains déchantent. Malgré tout, ça valait le coup d’être vécu et vous avez eu la sensation de présider à votre destinée. Vous avez touchés au libre arbitre, il coule à flot dans vos veines. C’est l’arme absolue de votre vie. C’est la balance du destin que vous tenez entre vos mains.