A propos de...

35 ans, chef de groupe, marié on me décrit souvent comme froid et hautain de prime abord. Une fois qu'on me connaît les avis sont différents. Toutefois, on m'aime ou on ne m'aime pas mais c'est rarement l'indifférence qui prime.

samedi, novembre 18, 2006

Le budget

Dans les sociétés commerciales, il existe un moment bénis. Un instant de grande satisfaction qui se prénomme budget. En gros, il s’agit de faire les prévisions pour l’année prochaine. Ces évaluations des ventes, chiffres d’affaires et des profits potentiels se veulent sincères. Prenant leur courage à deux mains, des armadas de bonne volonté vont passer des jours pour tenter de donner une vision exacte de la situation de l’année à venir. Elles vont tenter de faire de la prospective et ainsi de caractériser l’évolution de la société sur le court terme.

Ces budgets sont les ligne guides de l’année qui va se mettre en place. Elles seront comme un fil conducteur, un repère dans la nuit pour toute la société. Ce sera un jalon et l’entreprise devra trouver les solutions nécessaires pour remplir les objectifs qu’elle s’est fixée. Je vous parle du contexte idyllique. Celui auquel on croit quand on est novice. Quand on pense qu’il existe une certaine noblesse dans les processus de vie de l’entreprise, quand on croit que l’entreprise est un projet fédérateur entre hommes de bonne volonté. Quand on croit encore que l’entreprise est un endroit ou a été passé un pacte entre l’employeur et l’employé pour le bien de tous.

Et oui, on n’est jamais au bout de nos désillusions. Dans la pratique, comment se concrétise véritablement un budget. La première fois que l’on fait l’exercice c’est vrai que l’on a tendance à la sincérité. Après s’être fait berner, on devient sournois afin d’éviter le plus possible de se retrouver dans une situation inextricable. Je m’explique. Si vous ne mentez pas dès le début et que vous annoncer réellement le potentiel de votre produit ou autre, vous êtes mort. En générale, les dirigeants vous assigne des objectifs supplémentaires afin d’être sûr que vous ne puissiez pas remplir vos objectifs. (C’est le premier niveau de tromperie) Quel intérêt me direz vous ? Il est en fait multiple :

1- Vous et nombre de personnes êtes rémunéré en fonction des objectifs assignés. Conséquence, vous allez coûter moins chère car incapable de remplir les objectifs plus insensés les uns que les autres. Adieu primes !

2- Vous travaillerez avec une pression constante. Quand vous n’accomplissez pas vos but, vous aurez la pression de votre hiérarchie qui ne se privera pas de vous faire passer pour un incapable car pas foutu de rentrer dans les chiffres assignés. Forcément que vous n’y arriverez pas puisque c’est votre propre direction qui vous aura miné le terrain. Cela vous poussera à travailler plus et surtout vous serez en position de faiblesse pour les négociations salariales. (On ne donne pas d’augmentation aux mauvais !)

Deuxième niveau de mystification : Le patron présente ses objectifs aux grands pontes de votre multinationale. Comme il vous en a rajouté une bonne louche, il bombe le torse. Une progression de ce niveau est flatteuse, il va briller chez les grands chefs. Or les patrons des patrons n’ont pas plus d’état d’âme que les autres. Vous avez mis +20 % c’est que vous essayer de minimiser le potentiel de la société alors vous aurez un +40%. Gloups, votre grand manitou est sous le choc, comment va-t-il toucher ses stocks options avec cette évolution du chiffre qui est inatteignable. Il faudra qu’il mette encore plus de pression sur ses équipes. Il ne va tout de même pas s’asseoir sur ce beau pactole qui lui tend la main. Il faudra pressurer les troupes pour réussir coûte que coûte. S’il y a de la casse on fera avec. Il y a suffisamment de chômeurs pour remplacer ceux qui craquent !

Un jour votre chef vient dans votre bureau, c’est ce qu’on appelle l’information descendante. Il vous explique sans rire que vos objectifs manquaient d’ambition, de vision. Il était trop conservateur. Heureusement le siège (qui ne connaît rien de votre marché) a vu juste pour vous et a retravaillé vos prévisions pour en faire un gigantesque n’importe quoi. Par contre, celui qui devra assumer ces âneries, c’est vous. Et voilà comment on vous a préparé à votre insu une bonne année de galère, ou vous aurez tout le loisir de passer pour un idiot d’avoir fait un budget aussi absurde.

Vous ne réaliserez pas vos objectifs, vous ne toucherez pas vos primes en passant par la case départ, vous n’aurez pas d’augmentation pour incompétence notoire. Vous n’aurez plus qu’à allez directement à la case chômage et passer votre tour. Par contre si les résultats sont honorables par rapport à l’année précédente, votre chef aura tout le loisir de négocier sa prime au regard de résultats toutefois satisfaisant !

Moralité : Comment fait on un budget dans une société ? C’est très simple on ment. On ment sur tout en prenant bien soin de tout minorer le plus possible parce que l’on sait que l’inflation des niveaux de direction va faire grossir de manière anarchique votre plan. Pas besoin d’être vraiment crédibles, vos chefs n’y comprennent en général pas grand-chose alors autant se lâcher ! En amputant votre vision de 15% vous aurez peut être la chance de vous retrouver avec un objectif qui cadre avec ce que vous pensiez. C’est ainsi que vont les choses chez Décadence S.A. Les même absurdités se reproduisent années après années à l’infini. Espérons qu’un jour nous serons touché par la grâce et qu’enfin les choses changeront. Non je rigole !



 

samedi, novembre 11, 2006

Opération coup de balai

Et oui chez Décadence S.A., il y a aussi une période des soldes. Elle s’effectue sur le personnel au moins une fois par an. Et hop, on vous fout dehors et tout le monde est content. Je lis souvent que le code du travail en France surprotège le salarié. Cela entraîne une sorte de rigidité du travail qui serait à l’origine de tous les maux. C’est certainement vrai, mais chez Décadence S.A. cela ne se passe pas du tout comme cela.

D’abord avec un bon service spécialisé en droit du travail, on peut faire n’importe quoi. C’est comme cela qu’un licenciement économique totalement factice peut passer inaperçu alors que l’on embauche à tour de bras. Quand vous avez des experts de la loi, se moquer de cette même loi est un jeu d’enfant. Contrôler les employeurs relève de la gageure. Le deuxième point clef du laisser faire : le carnet de chèque. Quand on ne vous veut plus et que vous n’êtes pas un imbécile qui se laisse impressionner, l’entreprise devient très conciliante et vous fait un petit chèque pour que vous puissiez voir venir. Excellente méthode pour se dire au revoir en bon terme.

En ce moment les projets personnels factices ou réels se succèdent. Parfois, j’ai la sensation que mon tour n’est pas loin ! En tout cas, la méthode Décadence S.A. est infaillible, on vous nomme sur un poste car on croit en vous. Si vous vous en sortez bien alors l’amour, la gloire et la beauté sont votre ! Dans le cas contraire, on vous laisse vous enfoncer pour que vous vous consumiez à petit feu. Une fois que vous avez touché le fond, le prédateur fond sur sa proie pour porter l’estocade finale. Hébété, pris par surprise, vous rester sans réaction. Vous étiez déjà dans le renoncement car la pression psychologique a été constante sur vos épaules.

Ne vous as t on pas seriné que vous étiez un mauvais depuis des mois. Tout le monde ne dit pas que vous n’êtes pas à votre place. La méthode Coué de l’exclusion est en marche, au départ quelques sournois leaders d’opinion à la solde de personnes mal intentionnées lancent des rumeurs négatives. Les gens s’emparent de ses rumeurs et les amplifient. Tout le monde le dit et croit que vous êtes fini jusqu’à ce que vous en soyez persuadé. Vous êtes emporté par les flots de la conspiration. Ce travail de sape peut prendre du temps, un an ou deux selon votre résistance mais au bout du compte, elle fini toujours par avoir votre peau.

Se battre pour démontrer une forme de harcèlement morale est vain. Les bonnes intentions de nos législateurs sont des chimères inutiles. Le coup de balai que nous sommes en train de vivre chez Décadence S.A. est, comme toujours, habillé de bon sentiments. La réalité est plus sombre, tout est imprégné de mépris pour l’homme, de petitesse, d’absence totale d’humanité avec un objectif clair : Vous faire dégager le plus vite possible à moindre frais. Je prie pour que les personnes qui sont capable de telles bassesses payent un jour pour ce qu’elles ont fait. Oui l’entreprise n’est pas une association humanitaire, cela ne l’empêche pas toutefois de traiter ses hommes avec respect et courtoisie et non se fourvoyer dans cette parodie, cette commedia del arte qui nous est servie à chaque fois que l’on veut se débarrasser d’un « inutile ».