A propos de...

35 ans, chef de groupe, marié on me décrit souvent comme froid et hautain de prime abord. Une fois qu'on me connaît les avis sont différents. Toutefois, on m'aime ou on ne m'aime pas mais c'est rarement l'indifférence qui prime.

samedi, mars 18, 2006

Gloires et Déboires

Qu’il est difficile de s’approprier succès et échecs au sein de l’entreprise. Enfin, disons plutôt que la paternité des succès est souvent revendiquée. Elle est même bataillée, disputée dans une lutte à mort sans merci. Les poids lourds de l’affaire se chamaillent beaucoup pour en tirer le maximum de profit, pour valider leur triomphe, pour étaler leur toute puissance, leur leadership incontestable. Le but ultime être le numéro 1, abattre la concurrence, se mettre en avant dans la course à la promotion. En clair devenir le nouveau calife ! Dans un contexte de ce type tous les coups sont permis, pas de quartier ni de compassion. L’adversaire ne doit pas être à terre, il faut absolument le tuer car l’expérience montre que les retours de fortune sont nombreux. Il ne faut jamais laisser la moindre opportunité à l’autre car la bête blessée, tel le sanglier, peut vous donner une dernière ruade et vous éliminer de la course à la carotte (si près de la satrapie se serait trop bête !).

Donc tout ce petit monde, de petits caporales aux dents longues s’étripe joyeusement pour tirer toujours plus la couverture à soi. Par contre, dès que le spectre de l’échec pointe le bout de sont nez, les rats quittent immédiatement le navire. Dès qu’un projet est un fiasco, c’est le sauve qui peut générale, les femmes et les enfants on s’en fout pourvu qu’on puisse sauver sa peau. Et c’est bien la seule chose qui compte. Les dommages collatéraux sont un sacrifice nécessaire non ! Il vaut quand même mieux vendre son âme au diable plutôt que de la perdre. Et puis, charger un grouillot, sacrifier sa misérable carcasse ça n’est que la dure loi de la sélection naturelle.

L’instinct de survie bat son plein. Et toutes les justifications sont légions pour exposer un principe simple. Dans le cadre d’un fiasco retentissant, c’est vous qui êtes le responsable. Si le succès est au rendez vous, c’est votre chef qui est responsable. Vous n’allez quand même pas avoir le culot et la suffisance de croire que vous pouvez être l’initiateur d’une grande réussite. Si tel était le cas seriez vous un sous fifre ? Evidemment non ! Par contre, votre rang de sous être vous autorise à endosser toutes les âneries qui auront eu pour conséquence des résultats décevants. Comme s’est amusant d’aller à une réunion ou ces divers moments se succèdent :
- Un point positif et votre chef tel Artaban bombe le torse, son visage s’illumine il se retourne vers l’assemblée et assène à ses rivaux un sourire triomphale signifiant : Vous êtes mort ! D’ailleurs ce petit roquet que vous connaissez bien parait faire 1m90 (bizarre, il fait plutôt 1m70) et occuper un espace très inhabituel, c’est fou ce que quelques petits compliments peuvent faire
- Un point négatif et votre légende vivante passe au gris cendré. Le visage s’allonge, les épaules rentrées, il semble faire 1m50. Il ressemble à une sorte de vipère rabougrie et séchée. Mais vous sentez le regard glacial qui scrute l’horizon en quête d’une proie sacrificielle. La bête se fige, elle a sentie l’odeur du sang de sa victime : VOUS. Elle vous fixe, un rictus se fait jour sur son visage, les crocs sont acérés. Tout à coup l’attaque est lancée : Elle vous invite à vous expliquer sur le problème qui est mis en avant. A grands renforts d’explications elle déplore la mise en garde qu’elle avait exprimé sur le thème, elle s’inquiète de votre entêtement dans cette mauvaise direction. Elle loue enfin sont management qui est de conseiller sans jamais contraindre. Pour clore le débat, elle finit par vous pardonner ce petit égarement. Avec un sourire condescendant, elle sait bien maintenant que vous l écouterez plus, elle sait que vous serait un brave petit exécutant. C’est qu’elle vous aime malgré l’intelligence limitée qui vous sied. Condescendante jusqu’à l’écoeurement elle vous assène un sourire de pitié.

Le problème, ce sont les affabulations de votre seigneur. C’est vous qui avez alerté votre dieu des risques encourus, c’est vous qui l’avez mis en garde. Mais sont intelligence supérieure, dotée d’une grande souplesse et flexibilité, n’a pas jugé bon de tenir compte des avis de ce pauvre hère qui fait partie de son équipe. En effet à quoi bon profiter d’un management participatif quand on est détenteur de la science infuse.

Il paraît que l’on apprend plus de ses échecs que de ses succès. C’est sûrement ce qui limite dans l’ascension sociale. On sait trop de choses quand on est pas manager (vu le nombre faramineux d’échecs endossés) ; alors ça fait peur aux chefs vos connaissances. Car eux ils n’ont connu qu le succès donc ils ne savent rien. On ne peut tout de même pas mettre un loup dans la basse cour. La sentence est définitive : Ad vitam aeternam, vous serez un gueux.

Comme il est bon de se sentir aimé !!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

ça sent le vécu tout ça.
Ce n'est pas forcement drôle et pourtant j'ai passé un bon moment à te lire. :D

Theodose a dit…

C'est exact, ça n'est pas toujours drôle mais pourtant je m'emploie a rendre les choses les plus amusantes possibles. Le cynisme et l'ironie sont omniprésents dans le but de dire des vérités tout en conservant une certaine légereté. En tout cas je suis content que tu aies passé un bon moment.